Une association se bat contre la piétonnisation

GENÈVE 30.08.2022 - 15:00 Rédigé par Marie Prieur

EAUX-VIVES • Une association baptisée O Vivre Ensemble a lancé une pétition réclamant la fin de l’expérience estivale menée dans le quartier.

Elle s’appelle Ô Vivre Ensemble. Cette nouvelle association a été créée le 17 août et prône, comme son nom l’indique, le bien vivre ensemble au sein du quartier des Eaux-Vives. Son objectif en cette fin d’été: s’opposer à la pérennisation des aménagements temporaires mis en place dans certaines rues des Eaux-Vives, dont celle de Montchoisy.

«L’idée n’est pas de monter les habitants contre les commerçants, précise d’emblée son président, Marc-André Rudaz. Moi-même, j’habite le quartier, je suis piéton et je n’ai plus de voiture. Je comprends tout à fait que des habitants soutiennent la piétonnisation des rues. Et, comme eux, si je peux dormir le matin plutôt que d’être réveillé par la circulation routière, cela me convient.»

«Sans concertation»

Pourquoi dès lors ne pas soutenir les aménagements estivaux mis en place sous ses fenêtres? «Cela a été fait sans concertation. Et, il n’y a quasiment jamais personne», assure Marc-André Rudaz en désignant les bancs vides en ce mercredi milieu de matinée. Le cordonnier de la rue de Montchoisy renchérit: «Le matin, c’est dégueulasse. Il y a des déchets et ça sent l’urine...»

Dans les bureaux situés dans les étages des immeubles voisins, le mécontentement est aussi palpable. «Durant tout l’été, on a entendu les concerts de klaxons, les cris, les engueulades entre automobilistes fâchés d’être coincés au milieu de la rue», témoigne Christine*. Et son patron, René*, d’ajouter: «Pour nous qui travaillons tard et sommes obligés de venir en voiture car il n’y a plus de transport en commun à l’heure où nous finissons, les temps de trajet ont triplé voire quadruplé... de 7 à 30 minutes.»

Quant aux commerçants, ils sont plusieurs à se plaindre des difficultés pour se faire livrer et de la perte de chiffre d’affaires liée à l’impossibilité pour les clients venant de loin de se garer. «Demandez au boucher des Eaux-Vives combien de clients venant de Cologny il a perdu!» tempête René.

Ce que regrettent aussi les uns et les autres, c’est l’absence de concertation préalable. «On a été mis devant le fait accompli, déplore Marc-André Rudaz. Il aurait fallu discuter avec les commerçants et les habitants.» Pour éviter que cela se reproduise, l’association Ô Vivre Ensemble a décidé de prendre les devants et a déposé une pétition. Fort de ses 482 signatures, ce texte, signé par l’avocat de l’association, Christian Lüscher, demande de «mettre un terme à l’expérience estivale menée dans le quartier des Eaux-Vives» et donc, «la remise en état de la circulation dans les deux sens, des places de stationnement et des trottoirs (rue de Montchoisy, rue Maunoir, rue des Vollandes, rue Sillem et rue du Nant)». Et marque, dans la foulée, son opposition à un futur projet de piétonnisation de la rue de Montchoisy.

Démontés le 29 août

Au nom du Département de l’aménagement et des constructions, Marc Moulin précise d’emblée que les aménagements estivaux ont été démontés comme prévu le 29 août. «De quoi rendre cette pétition caduque. Seuls les aménagements de la rue Sillem sont pérennisés.» Concernant la rue de Montchoisy, il souligne que la Ville a reçu nombre de témoignages favorables à la piétonnisation et rappelle qu’une pétition demandait, à l’inverse, le maintien des amémagements estivaux. Enfin, concernant l’avenir de ce dossier, un projet de délibération intitulé «Revenons à Montchoisy», porté par le PLR Ville de Genève a été adopté par le Conseil municipal ouvrant un crédit d’étude de 1,2 million de francs pour le réaménagement de la rue de Montchoisy.